vendredi 19 août 2016

Les myxomycètes, ces créatures étranges...


Un aspect microscopique et néanmoins important de la biodiversité : les  myxomycètes existent depuis 500 millions d'années et leur rôle dans l'écosystème terrestre est essentiel.

Etymologiquement, le terme « myxomycète » dérive des mots grecs « myxo », gluant et « mycète »,  champignon. On les désigne aussi sous le terme de « moisissure molle ».
On les rencontre dans les endroits humides sur différents substrats principalement végétaux : bois morts, composts, humus végétal.
Il en existe un millier d'espèces qui présentent une grande diversité de formes, de couleurs et de structures et peuvent changer de couleur au cours de leur  maturation. Leur taille est également très variable; elle peut atteindre dans certains cas plusieurs mètres carrés.

Une particularité des myxomycètes est que leur aspect aux deux stades de leur développement diffère totalement et c'est sans doute pour cette raison qu'ils ont longtemps intrigué les naturalistes qui ne savaient pas s'ils devaient les classer dans le règne animal ou dans le règne végétal.
Alors qu'il s'était établi un consensus pour les classer dans le règne fongique établi grâce aux progrès de la génétique et bien qu'ils soient toujours traditionnellement étudiés par les mycologues, les nouvelles avancées de la génétique ont conduit à les classer dans les protistes (indiquant par là qu'il ne s'agit ni d'un animal, ni d'un végétal, ni d'un champignon) et plus précisément dans les amibozoaires : ils naissent d’une spore et débutent leur vie à l’état de cellule amiboïde.

Plusieurs étapes vont aboutir à la formation d’un plasmode, gigantesque cellule constituée d'une multitude de noyaux qui barbotent dans un même ensemble désigné également par le terme « blob ». Ce stade du développement d'un myxomycète représente l'essentiel de sa vie.
Le plasmode n'est pas entouré d'une paroi rigide ce qui lui permet de ramper ou de se déplacer par pulsations. C'est ainsi que, bien que l'on sache que ce ne sont pas des champignons, certains en parlent comme de « champignons qui marchent » car ils se déplacent pour chercher leur nourriture : dans la nature ils se nourrissent de microorganismes et de champignons; en laboratoire on les nourrit principalement avec des flocons d'avoine.
Ces deux caractères (déplacement et absorption de nourriture par ingestion) rapprochent les myxomycètes du monde animal.

plasmode myxomycète
Plasmode de l'espèce Physarum
(frankenstoen, CC BY 2.5)


Comme souvent le plasmode est très coloré, étalé sur le substrat avec des veines et des veinules où s’établissent des courants alternés de matière cytoplasmique.




A l'état de plasmode, le myxomycète a une résistance et une capacité de survie exceptionnelles : un plasmode peut fusionner avec des plasmodes de la même espèce. S’il est accidentellement sectionné, chaque partie peut former un plasmode indépendant.
Si les conditions sont défavorables, par temps sec, le plasmode se rétracte et disparait quasiment dans les replis de son support. Les parties internes s'entourent d'une paroi dure et forment des sclérotes. Une fois les conditions favorables revenues, le plasmode réapparaît et poursuit sa quête de nourriture laissant derrière lui lorsqu'il se déplace une traînée brillante faisant office en quelque sorte de mémoire lui permettant d'éliminer les endroits qu'il a déjà visités.

Quand les conditions environnementales lui conviennent, après qu'il se soit bien nourri, le plasmode entame sa phase de reproduction en se transformant complètement : il élabore des structures ressemblant à des champignons qui contiennent les spores destinées à sa reproduction et dénommées sporocystes. Ces derniers peuvent avoir plusieurs formes. L’opération s’effectue rapidement et ne prend parfois que quelques heures.


myxomycète Badhamia utricularis mature
Myxomycète Badhamia utricularis
(Marco Bertolini), CC BY 2.0



C'est dans cette phase, lorsqu'on les observe avec une bonne loupe ou un microscope, que la détermination des myxomycètes devient possible et que l'intérêt esthétique se manifeste : on peut voir de très belles images comme celle-ci ou celles qu'on peut voir sur ce site ou le site Champignons d'Aveyron ou d'ailleurs








L'étude des myxomycètes en laboratoire a permis de mettre en évidence l'étonnant comportement de cette créature étrange qu'est le plasmode, être unicellulaire capable d'« apprentissage », d'« anticipation », de « discernement » comme le montrent les expériences décrites ci-après.

Ainsi, une équipe toulousaine a montré qu'un plasmode de type Physarum était capable de choisir le régime le plus adapté à son métabolisme lorsqu’il était mis en présence de plusieurs aliments de compositions différentes.

Une équipe de chercheurs japonais et hongrois a montré que les plasmodes étaient capables de se déplacer dans un labyrinthe et d'identifier le plus court chemin entre deux morceaux de nourriture placés à chaque entrée.

Une autre étude a démontré qu'un plasmode était capable de concevoir des réseaux sophistiqués :  les chercheurs ont déposé le plasmode sur une surface où étaient dispersés des points de nourriture représentant les différentes villes de la région de Tokyo; le plasmode a créé un réseau optimisé entre les sources de nourriture, reliant de la manière la plus efficace les différents points. Ce réseau était similaire et au moins aussi efficace que le réseau ferroviaire de Tokyo!

Encore plus surprenant : il semblerait que les plasmodes possèdent une caractéristique qui s'apparente à une « personnalité » ou à une « culture »: des plasmodes de la même espèce (Physarum ) provenant de pays différents (Etats-Unis, Japon, Australie) ont des comportements différents, plus ou moins « nerveux », « agressifs » ou « coopératifs »!

Ces études qui peuvent sembler un peu fantaisistes pourraient avoir en réalité des applications très sérieuses : les particularités comportementales de Physarum ont été mises à profit pour la fabrication d’un robot qui fuit la lumière. Elles pourraient constituer un modèle idéal pour de futurs outils de bio-informatique selon un chercheur de Bristol.

La nature n'a pas fini de nous étonner !
Une fois de plus on prend conscience, au fur et à mesure que les connaissances scientifiques progressent, de la nécessité de ne pas s'enfermer dans des schémas figés : sans cesse de nouvelles avancées remettent en question des classifications, des théories qu'on croyait définitivement établies.

dimanche 7 août 2016

Les sorties de l'été continuent...

Les sorties de l'été continuent pendant le mois d'août, tous les lundis à Villeneuve.
En juillet les balades ont été agréables et riches d'observations, avec une bonne fréquentation, des habitués et de participants occasionnels venus souvent de plus loin.



Tous les âges étaient représentés pour participer à l'inventaire de la flore,

Centaurée jaune (chlora perfolié)

Brunelle blanche
Brunelle blanche


Grand nègre des bois
Grand nègre des bois
et de divers spécimens de la faune sauvage : oiseaux et papillons bien sûr (nous avons eu la chance de rencontrer notamment le citron de Provence et le grand nègre des bois, papillons peu courants dans notre région),


Nous avons appris à distinguer l'argus bleu céleste (à gauche) et le collier de corail (à droite) : le groupe des argus nécessite une observation minutieuse pour différentier une espèce d'une autre.


Nous avons observé quelques odonates (bien que les lieux, plutôt secs, que nous avons fréquentés ne leur soient pas particulièrement favorables) et aussi araignées, coléoptères

Bupreste du pêcher
Bupreste du pêcher
Chrysomèle du peuplier
Chrysomèle du peuplier

et punaises, groupe d’insectes réunissant plus de 1 500 espèces en France, qui pourraient être un indicateur de la biodiversité.

punaises

Il nous reste encore beaucoup de choses à découvrir!